Elle devra être opérée dans les heures qui suivent à l’hôpital Mongi Slim de la Marsa.
Si le don d’organe est un geste altruiste, généreux et noble, capable de transformer des vies et d’insuffler l’espoir à des malades qui l’ont perdu, les obstacles restent nombreux. Le blocage est avant tout d’ordre social et culturel.
En effet, les préjugés, le conservatisme moral et les fausses idées reçues sur le respect de la dépouille rendent plusieurs familles, dont l’un des proches est décédé ou en état de mort cérébrale, réfractaires au don d’organes alors qu’elles savent pertinemment que ce geste, qu’elles refusent obstinément de faire, pourrait sauver une ou plusieurs vies humaines.
Âgée de 22 ans, Sally Ben Salem fait partie de ces patients dont la vie ne tient qu’à un fil et qu’il suffirait d’un simple « OUI » pour voir l’espoir d’un nouveau départ, d’une « nouvelle naissance » rejaillir à nouveau. Brillante, cette étudiante originaire de Djemel était en parfaite santé il y a quelques mois. C’est suite à une grippe contractée le mois dernier que son état de santé va subitement se dégrader.
Au début, la jeune fille prend un traitement symptomatique mais son état de santé ne s’améliore toujours pas au bout de deux semaines. Au fil des jours, Sally se sent de plus en plus fatiguée. En proie à des vomissements, elle commence à ressentir de violentes douleurs abdominales qui la conduisent aux urgences.
Son médecin traitant , qui s’aperçoit qu’elle souffre d’une jaunisse, suspecte une hépatite et lui prescrit un bilan sanguin. « Ma soeur a fait plusieurs bilans, relève Sabine la soeur aînée de Sally. Mais le diagnostic, qui s’est avéré au début erroné et insuffisant, a occasionné une perte de temps qui a conduit à une évolution rapide de la maladie dont elle souffre.
Le dernier bilan sanguin qui a été fait a révélé qu’elle souffre d’une hépatite qui a sévèrement endommagé son foie. Il n’est plus fonctionnel qu’à 15%.
Les médecins ne savent pas ce qui a pu occasionner l’hépatite dont souffre ma soeur. Estce une maladie auto immune? On l’ignore ».
Intubée, les jours de Sally Ben Salem sont comptés.
L’été dernier, lors de la journée du Savoir, elle avait reçu un prix remis par le Président de la République Kais Saied qui récompense les étudiants majors de promo qui se sont distingués par d’excellents résultats dans les différentes filières universitaires.
Le don d’un foie permettrait à cette jeune fille, qui a fait ses études à l’IHEC de Sousse, de retrouver une vie normale et de reprendre ses études de master pour devenir expert comptable.
Il y a bien eu un espoir ténu, certes, lorsqu’on avait annoncé à la famille de Saly, qu’un jeune homme admis à l’hôpital en état de mort cérébrale et ayant la même compatibilité sanguine qu’elle avait un foie en bon état et prêt à être greffé à la place du sien. Mais la famille du potentiel donneur avait opposé un refus catégorique, anéantissant les espoirs de la jeune malade et de ses proches.
Après l’intervention de ses proches dans les médias, pour sensibiliser l’opinion publique sur la question du don d’organe, un greffon a été finalement trouvé pour Saly qui vient d’être transféré à l’hôpital Mongi Slim pour subir une greffe du foie.